La journée fut agitée et la nuit encore plus. Il doit être aux environs de quatre heures du matin et le calme prend enfin possession peu à peu des couloirs du bureau de police. Un claquement de ferraille sur le bureau, indique la fin du service de Charlie. Elle vient de déposer son arme, son badge et sent enfin toute la lourdeur de ses dernières heures peser sur ses épaules. Depuis le dôme, le rythme de travail est effréné. Il y a sans cesse quelque chose ou quelqu'un à traité. Outre la panique, la délinquance aussi petite soit elle vient parasiter le boulot des agents à la recherche de plus gros coup. Surtout Charlie. Elle se sait entourée de collègues corrompus et se sent parfois bien seule dans son combat. Elle fait de son mieux mais ce n'est pas toujours facile. Il y a des jours où ce manque de back up, de partenariat solide est assez pesant pour notre jeune femme. Mais de manière générale, le détachement se fait automatiquement. Depuis peu, Charlie sait qu'elle y est obligée. Ils le sont tous. Avancer, continuer, trouver une solution. Si l'émotion fait partie intégrante de la fonction, tous doivent apprendre à ne pas se laisser dévorer par cette dernière. Surtout en pareille époque.

La porte du SweatBriar Rose claque derrière la silhouette fatiguée de Charlie. Elle est étonnée que l'endroit soit encore ouvert, hésite et puis rentre. Il lui reste près de trois heures avant d'officiellement pouvoir profiter d'un peu de répit, avant que la relève ne soit effective. Peut-être ... Rien n'est jamais vraiment gravé dans la pierre. Elle pose ses affaires sur la petite table du coin, toujours la même. Elle approche du bar, appelle doucement afin de s'assurer que tout va bien et se rassure lorsque la voix chaude de Rose Twitchellse résonne de l'arrière salle. Charlie va alors reprendre place à sa table, s'installe sur la petite chaise de bois gravé et se laisse aller contre le dossier. Juste quelques instants, quelques secondes, fermer les yeux et respirer. Les nuits ne sont pas toujours aussi longues, non pas toujours. Mais aujourd'hui, c'est plus rude. Elle profite alors du calme apparent qu'elle sait n'être que provisoire. Avant la prochaine alerte, avant le prochain vol et avant les premiers levés.

Soudain, le carillon de la porte d'entrée se fait à nouveau entendre. Charlie ne bouge pas. Elle n'en a pas la force, pas tant qu'elle n'en est pas strictement obligée. Quelque secondes passent, sûrement plus qu'elle ne le pense, avant qu'elle n'ouvre enfin un oeil. Son regard cerné se pose alors sur la grande silhouette blonde venant de faire son entrée. Charlie la reconnaît, elle sourit, simplement, avant de refermer les paupières ... quelques secondes de plus. Elle ne devrait peut-être pas là tout de suite mais son corps semble prendre possession de son esprit. Soudain, réalisant l'heure qu'il est, elle se redresse un peu plus brusquement, cette fois le regard inquiet.  Vous allez bien ? Quelque chose ne va pas ? Je suis surprise de voir debout à telle heure ... Dit elle alors à cette jeune femme qu'elle connaissait maintenant depuis un petit bout de temps. Si son mari n'était pas coincé de l'autre côté du dôme, Charlie serait déjà certainement en train de s'imaginer le pire concernant Ivy ...