⊱ as-tu trouvé, dans les feux, dans les flammes, ton idéal rouge ardent ? as-tu froid ? as-tu peur de l'aurore ? tu disais "tout s'évapore", tu as eu tord. tu voulais changer de décor, tu as eu tord.

La pluie tombait drue cette nuit là, les essuies glace hochaient rapidement la tête tentant de repousser la pluie qui s’abattait violemment sur le pare brise empêchant la vue à plus de cinq mètres. Il était trois heures du matin. L'alcool. La pluie. La musique résonnait fort à l'intérieur de la Cadillac et elle avançait rapidement sans savoir où elle allait, divaguant parfois, manquant de s’écraser dans un fossé. A chaque fois qu'elle déviait le conducteur se reprenait et la replaçait sur les rails. Il s'en sortait relativement bien, et les flics à l'heure qu'il était devaient surement décuver de leur petite beuverie au poste, il ne s'inquiétait pas. Rien ne pouvait lui arriver, et rien ne lui arriverait, sa voiture ne finirait pas dans le décor. Tout irait bien, tout avait toujours roulé correctement pour lui.
Quelques rues plus loin, une jeune femme disait au revoir à son petit ami qui la ramenait chez elle, la pluie tombant durement sur leur visage, plus les secondes passaient, plus l'eau imprégnait leurs vêtements, ils n'y pensaient pas. La voiture roulait de plus en plus vite. Le petit ami était parti. Elle restait dehors finissant sa clope, la pluie la rendait heureuse, il l'a rendait heureuse. Elle déambulait doucement le long du trottoir levant les bras en l'air accueillant le ciel orageux avec une grâce innée. Un moteur vrombit, elle ne l'entendit pas l'averse couvrant tout bruit extérieur. Quatre-vingt-quinze kilomètres heure. La voiture fit une embardée monstrueuse. Grimpant sur le trottoir de tout son saoul. La musique hurlant à plein poumons. Le choc fut brutal. Violent. La voiture percuta de plein fouet la jeune femme au petit ami. Elle n'avait rien vu venir, même pas la mort. Elle fut projetée quelques mètres plus loin. La dernière chose qu'elle entendit fut le fracas et une chanson des Beatles, here come the sun. Ses yeux se refermèrent doucement, le ciel l’accueillait finalement. Un éclair résonna au loin. La pluie lava son visage du sang dont il était parsemé. Le conducteur ne s'arrête pas, augmentant la vitesse, elle était morte, il n'y-avait pas de doutes là dessus, il le savait. Mais il aurait pu s'arrêter, oui, il aurait pu tenter de la sauver de croire qu'il y-avait encore un espoir. Le conducteur ne reconnut pas le visage de la jeune femme, il aurait du, il la connaissait. Il roula, roula, encore et encore dans un état d’hébétude totale, les mains plaquées sur le volant ne le lâchant plus. Enfin, il s'arrêta, rentra la voiture dans le garage. Machinalement. Il décrocha sa ceinture et referma la portière derrière lui. Sa gorge brulait, et son ventre lui faisait un mal de chien. Il ferma les yeux, se pencha, et il vomit. Elijah, avait été saoul ce soir là, il avait pris les risques qu'il connaissait, il avait renversé une personne, il ne s'était pas arrêté, il avait vomit. Enfin il réalisa qu'il ne l'avait pas seulement renversé, il l'avait tué. Les nausées reprirent. Il se pencha à nouveau en avant. Les sanglots lui montaient à la gorge. Il glissa le long de la voiture, tombant à genoux il prit sa tête entre ses mains tremblantes et hurla, un cris long et douloureux, le sang sur le pare brise, la nuit sombre. Il ne dormit pas cette nuit là. Les autres nuit non plus, son cauchemar venait de prendre vie, de prendre sa vie.  

⊱ tu es trop belle pour être gentille. c’est pourquoi tu détruit tout ce que tu touches.

ne pleure pas ma jolie, sèche tes larmes ma jolie, ne me regarde pas comme ça ma jolie, ferme les yeux ma jolie, oui ferme les, sinon jrisquerais de m'y noyer. allez ma jolie, écoute moi jten prie. je te le redonnerais ton putain de sourire qui en faisait frissonner plus d'un ouais, ouais je ferais tout même si ça conduira à ma perte. t'es indescriptible, t'es toi et t'es toutes les femmes à la fois. tu change de peau, on sait jamais vraiment qui tu es. mais à moi tu peux le dire, oui vas y, je t'écoute ma jolie. montre moi, parle moi. jtécouterais jusqu'à la fin, je te couperais pas si c'est ça qui te fait peur. allez ouvre la bouche, tu sais très bien que t'en est capable. t'es bien capable de foutre le monde en l'air avec ton regard, alors vas y parle, c'est pas si compliqué de parler. tu vois bien que c'est ce que je fais depuis tout à l'heure. mais ça a pas l'air de t'atteindre, non rien ne t'atteins à toi. et ça me fait peur quand tu souris comme ça, quand tu me regarde comme ça et que tu ne dis rien. la vérité, la vérité c'est que j'sais plus où j'en suis quand jte regarde, la vérité c'est que j'ai envie de m'allumer une clope pour me calmer. parce que quand je te regarde jme demande comment je ferais si j'oubliais la couleur de tes yeux, si j'oublais les fossettes que t'as au coin des joues, putain je me demande ce qui m'arrive quand t'es là. t'es pas normale. et tout ça, ça me fait peur. t'es une arme chargée prête à me buter alors vas-y tire, qu'est-ce que t'attends ma jolie, j'ai plus peur de ça maintenant. le sifflement des balles chassant l'air, j'en ai plus peur, ni celui des cris d'enfants que t'entends pendant la nuit, parce que des bombes explosent prêt de leur visage. j'en ai plus peur, c'est le son qui me hante ma jolie. le son qui te retrouve lorsque  t'es seul dans l'obscurité. et tu vois j'essaie de me convaincre que j'ai plus peur. mais la vérité ma jolie, c'est que ça me fou la trouille. et ta voix c'est la seule qui me rassure, alors parle, vas y dis n'importe quoi mais parle moi, sinon sans ça je coule, je me noie. sans ça, j'ai mal, t'es ma béquille, mais doucement tu te tords et jsuis impuissant, parce que je parviens plus à te comprendre. alors parle putain, relève moi, relève toi, parce que sans ça, sans toi jsuis rien ma jolie. mais peut-être que t'es déjà partie ma jolie, oui c'est ça t'es partie. non je pleure pas ma jolie, c'est juste que tu me manque ma jolie.