« Il faut que tu ailles voir Monsieur Asunder, Cameron. » J'en laissai tomber mes livres dans le grand couloir que j'arpentai avec exaltation. Mes lèvres se plissèrent et une perle de sueur commença à se dessiner en haut de mon front. « Pourquoi, je dois aller le voir, il m'a demandé ? » Mon ami resta perplexe, la bouche en cœur, le sourcil arqué et le regard interrogateur. « Oui, c'est tout le principe de vouloir voir quelqu'un... » Je ramassai avec fébrilité mes livres pour à nouveau les laisser tomber. « Mais, pourquoi ? Il semblait inquiet ? En colère ? C'était quoi l'expression sur son visage ? » Des rires s’échappèrent de la foule bruyante d'étudiants autour de moi. Moi, je ne me sentais soudainement pas bien. J'avais la tête lourde. J'avais peur de me retrouver seul avec Monsieur Asunder. Il était marié, deux enfants et un troisième en route. Et, j'avais couché avec lui ou lui avec moi, mais ne jouons pas sur les mots. C'est moi la victime là. Je veux dire, qu'est ce qu'elle a cette ville bon sang ? Moi, je demande rien, j'offre, je prodigue. Mes dix-huit ans vous gênes ? Si vous saviez que j'étais bien pire à quinze-ans. Mes hormones n'étaient pas en reste, car répondre à l'invitation de Monsieur Asunder réveillait  mes plus bas instincts en cette chaude journée de cours...me glisser jusqu'à lui et... « Ok ! Je vais y aller ! Je peux le faire ! »  Je venais de le hurler et je ne m'en rendais même pas compte. Une de mes camarades dodelina de la tête comme complètement désespérée par mon attitude.

« Qu'est-ce qui se passe, petit Cameron ? Je te mets mal à l'aise ? » me demanda Paul alors que je m'étais réfugié dans la cuisine. Rien que sentir son regard sur moi, je fondis littéralement comme le pot de glace que j'avais extirpé du cooler il y a quelques secondes de là. Je le détestai pour cela. Car cela semblait l'amuser de me voir ainsi. Comme le jeune garçon complètement perdu dans ses sentiments que j'étais. Perdu, mais nullement muet. « C'est ta tronche de macaque ! Elle me donne la nausée. » Paul explosa de rire et s'approcha pour venir plonger un doigt dans la glace que je mettais réservé. « Délicieux ! » J'avais envie de l'embrasser. Je devais pourtant le détester. Il était le frère de l'ex de ma sœur. Ce salaud ! Paul tenta pourtant une approche. Il était grand, fort et un visage à faire tomber toutes les filles sur son passage. Il était bien plus âgé que moi et tout ce que j'avais toujours désiré dans un homme. J'étais complétement perdu dans ce que je devais ressentir. Je le devais le détester, Hein ? Mais, Paul avait toujours les mots pour faire tomber toutes mes défenses. L'enfoiré ! « Je suis certain que tes lèvres sont toutes aussi délicieuses. » Je déglutis alors que ses lèvres étaient à quelques centimètres des miennes. Des lèvres qui étaient des vraies tortures vivantes. Je faisais alors ce que je savais faire de mieux: mon pitre. Je plongeai mes doigts dans ma glace crémeuse et je lui étalai sur ses joues avant de m'enfuir en courant. « Tu rêves. Je ne parle pas aux gueules de singe. »

« Cela fait bizarre de devoir mentir à ma sœur et ton frère, tu ne trouves pas ?» Je me rhabillai avec bonne humeur. L’odeur de stupre et des nos ébats planaient encore dans sa chambre. Je décochai à Paul ce sourire malicieux alors qu’il n’avait pas quitté le rebord du lit sur lequel il semblait plié en deux. La tête entre ses mains, je compris que quelque chose de grave était entrain d’arriver. Je m’approchai lentement et posai une main sur son épaule. « Il faut qu’on arrête de se voir nous deux. » Je restais interloqué.  «  J’ai fait quelque chose de mal ? Je ne comprends pas ? C’est à cause de ton frère et ma sœur ? » Il s’emmura dans un silence pesant. J’avais déjà la larme à l’œil car moi j’étais amoureux. Je ne lui avais pas encore dit, mais c’était l’homme de ma vie, je le sentais. « Arrête de faire le gamin. Nous deux on sait bien amusés, mais toute bonne chose doit se terminer. Tu crois que je peux sortir avec un gamin qui sort à peine du bac à sable sur qui tout Chester's Mill est passé ? » Je lui donnais un coup de poing en pleine figure. Le premier acte de violence dans ma courte vie tout en retenant mes larmes. « Alors, c’est comme ça que tu me vois ? » Je plongeai dans son regard pour chercher la vérité. T’entendre de sa bouche que ce que nous avions été aussi important pour lui que pour moi. Il me regarda plus froid encore le sol sous nos pieds. « Oui, voilà, comment je te vois et cela me dégoute... » Je ne pouvais plus rester dans la mienne pièce que lui. « Tu es comme ton frère ! Tu n'es qu'un salaud ! » Je pris mes affaires et je claquai la porte. Puis, une fois seul, je lâchais enfin ses larmes qui ne demandaient qu’à sortir. Je tombai à genoux dans le couloir. Je voulais mourir jusqu'à que je commence à entendre des cries dans les rues de Chester's Mills. Je sortis pour comprendre. La panique avait envahie la ville. Mais pourquoi ? Je séchai mes larmes et je courrai rejoindre ma sœur.